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Comment et pourquoi Nicolas Barré a-t-il été proclamé bienheureux ?

Béatification et canonisation sont deux étapes d'un processus très "humain" pour signifier quelque chose de l'ordre du divin : processus à enclencher et conduire avec compétence, pour faire reconnaître qu'une personne, avec ses défauts et ses qualités, a construit sa vie en l'ouvrant au divin.

Dans les débuts de l'église cela se faisait par proclamation du peuple, ratifiée par l'évêque ou le pape. Puis c'est devenu plus compliqué, plus contrôlé.

Cela commence par une requête, une enquête, un "procès d'ouverture de la cause" dans le diocèse où cette personne est décédée. C'est une démarche très fréquente dans certains pays comme l'Italie ou l'Espagne, mais qui est moins naturelle dans d'autres cultures. Pour Nicolas Barré, les débuts de cette démarche se situent en 1919.

 - Pourquoi si tard ? Alors qu'à sa mort, la nouvelle se répandit dans tout Paris : " le Saint des Minimes est mort ", et la foule se rassembla pour lui rendre hommage…

- C'est que l'église catholique, dans ses autorités romaines de l'époque, est défiante vis-à-vis de ce qui se vit en France. Le gallicanisme et l'esprit frondeur du catholicisme français donnent un grand coup de frein  aux canonisations de notre pays.

Plus tard, après la révolution, l'Ordre des Minimes disparaît de France, et la mémoire de Nicolas Barré reste, pour ces religieux, enfermée dans les archives en Italie.

 

 

A la fin du dix-neuvième siècle et au début du vingtième, les deux Instituts féminins fondés par Nicolas Barré vivent une profonde mutation : d'une part, ils sont contraints par les lois catholiques romaines de passer d'un statut laïc à un statut religieux, et d'autres part les lois françaises de sécularisation les obligent à l'exil ou à reprendre, aux yeux du gouvernement, un statut laïc ! Bouleversements qui invitent à consolider les racines. Introduire la cause du fondateur se situe dans ce contexte.

Toute une recherche documentaire est d'abord nécessaire. Une fois la cause introduite et son dossier déposé à Rome, en 1919, toute une documentation doit être rassemblée, dans un document appelé "Positio". Dans le cas de Nicolas Barré, cette Positio a été publiée en 1970.

- Un demi siècle ! C'est donc si difficile ?

- Les difficultés n'ont pas manqué ! Introduite en France la cause est entre les mains d'un Minime Italien, le Père Moretti, qui n'est pas sur place pour rassembler la documentation… Il faut du temps ! Puis le dossier est confié à Mgr Rius qui, changé de poste, ne poursuit pas la tâche, et néglige de la confier à un autre. Le dossier est au placard, quand éclate la Seconde Guerre mondiale. Arrêt…

 

 

Après la guerre, l'Eglise promulgue de nouvelles lois concernant les dossiers de béatification, en particulier pour les causes "historiques" qui n'ont plus de témoins vivants. Tout le travail est à refaire pour apporter de solides preuves historiques de tout ce qui est avancé.

La Positio pour la cause de Nicolas Barré est alors confiée en 1958 à Mgr G. Papa. C'est la première Positio du genre, un volume de 617 pages, qui a servi de modèle à beaucoup d'autres, après avoir été reconnue valablement constituée en 1971.

Cette Positio fait l'objet ensuite d'une sérieuse étude de la part d'historiens et de théologiens pour s'assurer de la vérité et de la qualité du témoignage du croyant. La cause de béatification de Nicolas Barré est enfin officiellement introduite le 5 avril 1976, par un décret du pape Paul VI.

Un nouveau procès a lieu, cette fois à Rome, où "l'avocat du diable" est là pour chercher tout ce qui pourrait être une objection à la reconnaissance de "l'héroïcité des vertus" du candidat. Il se conclut par un vote, ratifié par le pape. C'est en 1983 que l'héroïcité des vertus de Nicolas Barré a été reconnue. Il est devenu "vénérable", c'est à dire qu'il peut être sans réticence proposé à la vénération des chrétiens et leur indiquer un chemin de foi par son exemple.

Mais ce n'est pas encore la béatification ou la canonisation ! Pour cela? il faut pouvoir présenter un miracle obtenu par l'intercession du vénérable !...

- Difficile à comprendre ! Pourquoi un miracle ? Si déjà il est vénérable, pourquoi ne pas reconnaître qu'il est saint sans attendre un phénomène plus ou moins merveilleux ?

- On peut en effet questionner cette exigence. Mais pour se faire une opinion il faut d'abord en comprendre les raisons.
 

 

Dans la tradition de l'église catholique, des personnes sont déclarées bienheureuses ou saintes, non pour signaler qui sont les meilleurs parmi ses membres, mais pour le bien de l'ensemble des baptisés. Elles sont proposées aux croyants pour être des relais, des témoins qu'ils sentent proches et appelants, en qui on peut avoir confiance pour indiquer un chemin vers Dieu… Comment en décider ? Autrefois l'acclamation unanime du peuple en était le signe indiscutable. Aujourd'hui, c'est en voyant et vérifiant la confiance que des croyants ont déjà en ces personnes. Des guérisons inexpliquées sont interprétées comme le signe de cette confiance. Dans les récits de guérisons miraculeuses de l'évangile, Jésus dit bien que c'est la Foi, la confiance du malade qui l'a sauvé.

L'Eglise catholique pense que la confiance d'une personne malade en l'intercession d'un saint (proclamé tel ou non) peut amener sa guérison. C'est la Foi qui sauve et qui guérit. Cette guérison instantanée et durable est très sérieusement vérifiée par le corps médical avant d'être reconnue.

Dans le cas de Nicolas Barré, une telle guérison, survenue en décembre 1989 a pu être reconnue en 1997, ce qui a amené l'annonce de la béatification, célébrée à Rome le 7 mars 1999.

- Entre bienheureux et saint, s'agit-il d'un grade dans la sainteté ?

- Pas du tout ! La permanence de la confiance en ce bienheureux pour indiquer et soutenir un chemin vers Dieu, la confiance en son intercession montrent que son exemple peut être proposé à l'Eglise universelle. Un autre miracle en sera le signe.

 

 

Si donc vous êtes témoin ou bénéficiaire d'une guérison inexpliquée, obtenue par l'intercession du bienheureux Nicolas Barré, que faire ?

Ecrire votre témoignage, ce qui s'est passé, sans oublier de donner le nom de la personne (avec son accord) et de dire quelle était sa maladie. L'envoyer à : Postulation Nicolas Barré, Padri Minimi, Via Sant' Andrea delle Fratte, 00187 ROMA, Italie

 - Quel parcours !

- Oui, vouloir faire un saint dans l'église catholique est un parcours difficile, qui demande beaucoup de compétences pour franchir toutes les étapes. Même si beaucoup de travail est fait par des bénévoles, il y a aussi un certain coût pour l'impression des dossiers et le salaire des professionnels assermentés. Cela explique que certains groupes, certains pays, aient peu ou pas de reconnaissance officielle de leurs saints. C'est dommage. Ils n'en sont pas pour autant moins saints.

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