top of page

​

​

Rupture et retour de la communauté de Toulon

​

1686. Trois jeunes femmes arrivent de Paris à Toulon, au terme d'un voyage long et risqué en diligence: les attaques de bandits ne manquent pas sur les routes. L'évêque, Mgr de Chalucet, avait appris par son cousin, gouverneur de la Province du Languedoc, que des filles, venues de Paris comme maîtresses d'Écoles Charitables (= gratuites) faisaient grand bien dans cette région. Il avait donc sollicité l'abbé Servien de Montigny (allié du P Barré pour l'administration) afin qu'il lui envoie quelques-unes de ces filles formées par Nicolas Barré.

​

Pour accueillir  les petites filles pauvres de la ville, on les installe provisoirement dans les salles basses de l'évêché, bien peu confortables. Le provisoire va durer dix ans. Très vite on les appelle "les sœurs Barrette". Une délibération des consuls de la ville  stipule :

 

"… il y a présentement dans la ville trois jeunes filles qui sont d'une vertu et d'une piété exemplaires, que le Seigneur Évêque a fait venir de Paris, pour les occuper à l'instruction des petites filles et elles s'en sont si bien acquittées que toute la ville en est très édifiée, ce qui est d'autant plus utile au public qu'elles le font gratuitement "

 

En 1696 elles déménagent dans un immeuble loué par la mairie, ce sera pour les gens : "l'école des dames de l'évêché". L'évêque en fait alors son affaire et quand des jeunes filles expriment le souhait de se joindre au groupe des maîtresses d'école, certaines familles résistent à les voir partir se former à Paris. Elles craignent surtout de ne pas les voir ensuite affectées à Toulon. L'évêque décide alors que Toulon sera maison mère, il crée des succursales, se déclare supérieur et dispose des "filles de l'Instruction Charitable" comme il le veut. Un vent d'indépendance se répand chez les administrateurs des autres maisons du midi, visant à l'autonomie dans les divers diocèses. De fait, ces messieurs financent,  décident et dirigent.

​

Mgr de Chalucet meurt en 1712, et plusieurs sœurs  écrivent à la  supérieure de Paris  désirant rétablir le lien avec la maison mère. Les démarches officielles sont faites et les maisons de Marseille et Nîmes rejoignent le bercail. Mais à Toulon,  Jeanne Le Fèvre  la supérieure, et sa communauté, craignant d'être séparées ou d'être dominées par les parisiennes, ne font aucune démarche en vue de la réunion.  Après la mort de Jeanne un terrain d'entente est recherché. Il est décidé de créer une maison de formation à Nîmes, ce qui évitera d'éloigner les candidates. Mais le compromis ne sera pas suivi d'effet, et la rupture  est consommée. À Toulon et dans ses succursales les sœurs continuent cependant de se considérer pleinement "Filles du P Barré". Cela dura jusqu'à la Révolution. En 1792, les "Filles maîtresses" ayant refusé de prêter le serment civique imposé aux enseignants, la communauté est dispersée pendant neuf ans en continuant sa mission en secret. En 1807 elles se regroupent pour reprendre leur petite école gratuite, financée par la mairie. Quelque temps plus tard elles officialisent leur communauté sans vœux, se font appeler sœurs et portent un habit commun.

​

On ne les nomme plus "de l'évêché" mais à nouveau "les Barrettes. Sr Marie Thérèse, la responsable,  reste en charge pendant plus de 30 ans. C'est leur aumônier  qui, adroitement, la fait réfléchir, ainsi que  la communauté vieillissante, sur le manque de perspective d'avenir. Après bien des hésitations,  en pensant à tous les changements qui en résulteraient, elle s'apprête à faire la démarche lorsqu'elle meurt du choléra en 1840. La plus ancienne reprend le flambeau et amorce les démarches d'une réunion avec l'Institut. Le 14 Janvier 1842 la réunion de Toulon à Paris est officialisée après une séparation d’un siècle et demi.

​

​

Soeurs de l'ENFANT JESUS Nicolas Barré

 France

bottom of page